Le café, la promesse d’un avenir meilleur pour le Congo

1 commentaire

Avez-vous déjà dégusté une tasse de café congolais face aux volcans qui entourent l’immense lac Kivu au coucher du soleil, lorsque les lumières magiques de l’Afrique de l’Est teignent les montagnes d’une couleur bleue surréelle ? 

Probablement pas, c’était pourtant le quotidien d’Isabelle jusqu’à ses quinze ans, une torréfactrice installée à Bruxelles dont les racines familiales sont profondément ancrées au Congo. Aujourd’hui elle nous raconte son histoire d’amour avec la République Démocratique du Congo, où elle source ses meilleurs cafés.

Le Congo était, jusqu’aux crises politiques des années 1990, l’un des plus gros producteurs de café arabica d’Afrique de l’Est grâce à ses 80 millions d’hectares de terres arables et 120 000 tonnes de café exporté. Depuis, les régions productrices de café (Sud Kivu, Nord Kivu et Ituri) à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda, ont été le décor d’affrontements armés qui ont considérablement déstabilisé la paix, pourtant nécessaire à la production agricole et au développement économique local.

“La région a été en paix pendant des décennies, c’est le manque de perspective pour les agriculteurs qui conduit à des affrontements politiques qui n’ont aucune logique, l’Est de la RDC est une terre riche pleine de ressources qui permettrait aux agriculteurs de prospérer. L’histoire l’a montré, la culture du café dans la région a amené la paix, malheureusement aujourd’hui, cet équilibre est encore trop fragile pour faire face au risque de basculement armé de la région."

En 2012, la production de café congolais était tombée à 8 000 tonnes et une partie importante du café récolté sur le sol congolais était commercialisée via des réseaux clandestins de contrebande rwandais, ougandais et congolais. La raison en est très simple : l’exportation de café est très taxée au Congo comparée aux pays voisins. A titre d’exemple, un conteneur pour l’export coûte en moyenne le double depuis Goma (RDC) par rapport à la ville frontalière de Gisenyi (Rwanda). Ce qui fait du café congolais l’un des plus chers du marché et encourage la contrebande, à savoir faire passer du café congolais pour du café rwandais et a pour conséquence évidente une perte totale de transparence du produit.

Isabelle qui a un attachement profond à son pays, plein de souvenirs tels que la préparation du café le matin sous les yeux curieux des bébés gorilles du parc national des Virunga (le plus vieux parc national d’Afrique) lorsqu’ils allaient en famille camper sur les flancs de la montagne Sabyinyo (“vieil homme qui a perdu ses dents” en swahili) qui marque la frontière congolaise, ougandaise et rwandaise, ou lorsque pendant la saison des pluies, ils se réunissaient en famille autour du feu en buvant une tasse de café. Pour elle, le café est une madeleine de Proust qui inspire la paix et le bonheur, sentiments dont la région manque aujourd’hui cruellement.

Il existe au Congo plusieurs types de producteurs, les très grands, à la tête d’exploitations de plusieurs centaines, voire milliers d’hectares, ainsi que des producteurs qui ne possèdent que trois ou quatre arbustes sur un petit lopin de terre vivrier. Dans les deux cas, ils font face aux mêmes problèmes : une exportation difficile administrativement et économiquement, ainsi qu’un manque de demande de la part des consommateurs en raison de l’absence d’information sur les caractéristiques du café congolais.

Quelles sont les caractéristiques du café congolais ? 

Le café congolais de spécialité offre un profil aromatique inégalable, avec des notes particulièrement puissantes et plaisantes de tomate séchée au soleil, un goût doux, sucré, aux intenses notes citriques et de fruits à noyau. Toutes les personnes qui auront eu la chance d’avoir une fois dans leur vie goûté du café de spécialité congolais vous le diront, c’est une expérience gustative qui ne s’oublie pas.

Face au constat frustrant du potentiel mais de l’absence de politique publique soutenant la production, Isabelle a créé son projet visant à soutenir les producteurs qu’elle connaît en commercialisant leur café de spécialité en Belgique. Aujourd’hui, nous sommes heureux chez mojoe de compter la marque Virunga Blue Mountains dans notre catalogue de cafés, dans nos abonnements et nos coffrets. La mission d’Isabelle est de montrer au monde que le café congolais est d’une part, l’un des meilleurs du monde (c’est d’ailleurs bien pour cela que des grandes marques telles que Nespresso, Blue Bottle ou Starbucks s’approvisionnent dans ce pays) et d’autre part un vecteur de paix car l’agriculture permet la stabilité économique d’une région.

Virunga Blue Mountains choisit systématiquement d’acheter son café à des coopératives qui partagent ses valeurs comme par exemple la coopérative RAEK qui a mis en place un système de protection de la biodiversité, par exemple éviter le braconnage dans le parc national de Kahuzi Biega, où vivent les gorilles de savane, ou alors lorsque la coopérative SCPNCK concentre ses efforts sur la réintégration d’anciens combattants rebelles par la production de café. Boire du café de spécialité congolais sourcé par Isabelle nous permet à nous, consommateurs souvent éloignés de la réalité du terrain, d’avoir un impact réel et durable sur les femmes et les hommes qui le produisent. 

Isabelle n’est pas la seule à s’investir dans la valorisation du terroir congolais, certains importateurs sourcent également leur café dans la région et c’est pour cette raison que l’on a pu observer ces dernières années une augmentation de la production de café (+30% entre 2012 et 2017 - 11 000 tonnes) ainsi qu’un intérêt croissant des Congolais pour le café qu’ils produisent - même si c’est une boisson encore réservée à une élite, au même titre que le thé qui demande d’avoir du lait et du sucre chez soi, ce n’est pas le cas de tous les foyers du pays.

Le Gouvernement a lui-même compris qu’il avait tout intérêt à soutenir sa filière café et a pour cela, depuis 2017, créé une structure plus simple pour l’exportation, mais nous l’avons vu, ce n’est pas encore suffisant pour rendre le café congolais aussi attractif auprès des acteurs économiques de la chaîne de production que le café des pays voisins.

Que faut-il retenir du café congolais ?

D’abord, qu’il est produit à l’Est du pays, à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda, dans des exploitations immenses ou de très petites tailles. Traditionnellement, les agriculteurs produisent du café lavé ou naturel et ce sont les stations de lavage (tenues par des coopératives) qui achètent les cerises, les transforment en grains de café vert de spécialité et les exportent à l’étranger. Soutenues par des ONG, elles doivent faire des efforts importants de marketing pour se faire connaître du grand public.

Gustativement, c’est un café exceptionnel, très recherché mais peu disponible, même si on observe une augmentation de la production. Toutefois, le pays fait face dernièrement à une instabilité politique dont une des causes est le manque de débouchés économiques pour les agriculteurs. Il n’existe pas de Cup of Excellence Congo par exemple, or ce concours international qui décerne une sorte d’Oscar aux meilleurs cafés de chaque pays dans lequel le concours a lieu, et permet à des producteurs de se faire connaître mondialement en l’espace de quelques jours.

On dit souvent dans l’industrie du café que la dernière frontière est le Congo, ou alors que le café congolais est le plus inaccessible du monde, pour la difficulté d’approvisionnement pour les importateurs et torréfacteurs. Alors si vous aussi vous souhaitez un petit bout d’Afrique de l’Est chez vous, et vous imaginer face à l'impressionnant volcan Nyiragongo qui borde le lac Kivu, offrez-vous des cafés de spécialité africains en cliquant ici.


1 commentaire


  • Fadil Mohamed

    Intéresser pars vos divers café


Laissez un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approvés avant d'être affichés

Ce site est protégé par hCaptcha, et la Politique de confidentialité et les Conditions de service de hCaptcha s’appliquent.