Que penser des capsules ? Le verdict
Aujourd’hui on règle nos compte 🦸
Les blagues les meilleures sont les plus courtes…
Bruxelles, Palais de Justice, deux ans après les travaux de restauration [fiction].
En ce matin pluvieux dont la capitale de l’Europe a le secret, une foule inhabituelle de curieux et de journalistes se presse sur les escaliers massifs du plus grand tribunal de Belgique. Emmitouflés dans d’épaisses doudounes, tous se hâtent d’entrer dans la salle d’audience principale du palais, où se tient un procès exceptionnel.
Même ce temps gris n’a pas eu raison de la motivation des lèves-tôt d’assister à cette plaidoirie historique : “la salle est comble, impossible de s’asseoir” récite machinalement une journaliste de CNN face à un caméraman.
Dans un brouhaha assourdissant chacun y va de son “eh, poussez-pas bon sang !” ou de son “mais laissez-moi passer, j’ai une carte de presse, enfin !”.
L’ambiance est électrique et le public surexcité transpire sous ses gros anoraks.
“Faites entrer l’accusé !” résonne soudainement la voix cinglante du président.
Le calme se fait comme par magie.
Apparaît alors, tête haute et regard noirci de mascara, la célébrité du jour que la salle scrute avec délectation.
Car ce n’est pas n’importe qui qui se tient debout dans le box. Pour beaucoup, il est même difficile de croire qu’elle a été coincée, elle, la capsule de café, star déchue des années d’insouciance et de surconsommation festive, du vite-fait-bien-fait criminel qui a conduit l’Humanité à survivre sur une planète hostile.
Vêtue d’un habit brillant aux couleurs chatoyantes de ses années de gloire, elle toise froidement le juge qui lui demande administrativement : “Déclinez votre identité”.
D’une voix lente de diva italienne, l’accusée commence : “Capsule, alias K-Cup, alias dosette, on m’a aussi appelée Luongo, Volluto et Vertuo. Vous savez, j’en ai eu des noms” finit-elle dans un rictus coquin.
D’un ton agacé, il reprend : “lieu et date de naissance”
Ravie, la diva continue : “1998, Etats-Unis d’Amérique”
S'ensuit une série de questions-réponses sur son enfance, ses débuts, sa gloire en Europe et son succès international.
Après une courte pause, la procureure commence son réquisitoire.
Assurée, elle regarde les jurés, un à un : “Nous savons tous ce que nous jugeons aujourd’hui, pas une personne mais un style de vie inconsidéré qui a conduit à la situation écologique gravissime actuelle”.
“L’idée même de cette capsule était une aberration : imaginez, enrober du café moulu de plastique…”
“Prego mais je vous arrête ! J’étais faite de plastique au début mais on a décidé de me faire porter de l'aluminium brillant, plus chic, mais tout aussi polluant… rassurez-vous !” s’empresse de couper l'accusée d’un air espiègle en clignant de l'œil.
Malaise dans la salle.
La procureure, froidement, reprend : “derrière la promesse d’un café facile à faire, la capsule était en réalité une arnaque au consommateur puisque le café mis dedans n’était pas bon”.
“Pensez-vous qu’il fut question de considérer une seconde l’impact écologique des déchets ? On s’en fichait complètement en 2000 ! Sauf que quand on s’est rendu compte qu’il y avait un problème, il était trop tard, le monstre était créé. Et il est là. Devant vous”. Dit-elle en pointant du doigt la capsule qui la toise en souriant.
À la surprise générale, la procureure ajoute : “Nous souhaitons écouter un premier témoin. Faites entrer le père de l’accusée !” tonne-t-elle.
D’un seul mouvement, toutes les têtes pivotent vers le fond de la salle d’où avance péniblement un petit homme au crâne dégarni. Voûté par l’émotion, le vieillard s'agrippe à la barre en reprenant son souffle.
Lui, c’est John Sylvan, l’inventeur de la capsule, ancien employé de Keurig, l’entreprise américaine à l’origine de la commercialisation de la capsule.
Péniblement, l’homme répond aux questions de la procureure et finit par lâcher dans un soupir que “oui, je regrette infiniment d’avoir inventé la capsule" et d’ajouter que “personne n’avait prévu un tel succès planétaire”.
Une fois son mea culpa fait, l’homme au regard vide retourne à son siège sans oser même regarder l’audience ni l’accusée.
L’avocat de la défense, ténor du barreau, prend alors la parole.
“On accuse, on accuse mais qui sont les coupables ? Qui achetait des centaines de capsules parce que c’était si pratique ? Vous savez tous que c’est à cause de notre flemmardise que la capsule est devenue ce qu’elle est ! Vous parliez de pollution, mais il y a des programmes pour recycler les capsules. Et pour ceux qui voudraient continuer à utiliser leurs machines, il existe des capsules rechargeables. On a même inventé les Coffee Balls !”
(en Anglais dans le texte : traduire par couilles de café)
Rires dans l’audience.
Décontenancé, l’avocat reprend “Vous savez bien que ma cliente est innocente et qu’elle…”
Soudain, un cri inhumain déchire la salle : John Sylvan entendu plus tôt se lève de son siège, sort un vieux pistolet qu’il brandit vers l’accusée et tire en criant, tel un Frankenstein face à sa créature : “meurt, monstre !”
Cris d’effrois, capharnaüm.
L’audience est levée.
Si vous devez retenir une seule chose de ce mail, c'est que
Le meilleur café est celui qu’on aime et il est probable que comme un Européen sur deux, vous ayez (re)découvert le café avec des capsules. Il ne faut pas oublier que la capsule a donné au café son glamour qu’on lui connaît aujourd’hui. Mais contrairement aux années 2000, le glamour ne convainc plus les consommateurs en raison de problèmes graves : pollution et prix (4 à 5 fois plus cher que du café en paquet).
Si vous êtes intrigué par cette histoire de Coffee Balls (que l’on peut vraiment traduire par couilles de café), je vous laisse vous faire une opinion avec la vidéo de James Hoffmann :
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