Hummm… c’est quoi un produit bio ?
Est-ce que si c’est bio, c’est bon ? 🦸
On ne se fait pas prendre au piège...
On voit partout qu'il vaut mieux consommer du bio.
Mais comme le bio est toujours plus cher et que ce sont des produits réservés à une certaine élite, j'avais envie d'en savoir plus : est-ce que quand c'est bio c'est toujours meilleur ?
J’ai donc creusé le sujet… et ce que j’ai trouvé va peut-être vous surprendre.
1. Le bio, c’est quoi ?
💡 Biologique, selon la loi, ça veut dire que l’agriculteur n’a pas le droit d’utiliser des engrais chimiques ou artificiels, de pesticides chimiques ou synthétiques et d’OGM. Certains additifs approuvés peuvent toutefois être utilisés.
Ça c’est la base du concept.
Depuis 2010, tout aliment à 95% biologique doit porter le label “Eurofeuille” de l’Union européenne :
Cette législation a un double but :
1️⃣ La protection de l’environnement
En interdisant certaines pratiques polluantes et contaminantes, la réglementation permet de réduire l’impact néfaste de l’agriculture sur les sols, la biodiversité et l’eau.
2️⃣ La protection du bien-être animal
Le label bio se préoccupe également du bien-être des animaux d’élevage (accès à un parcours extérieur, surface minimale pour se mouvoir en intérieur…).
Il est également prouvé que l’alimentation biologique est plus saine pour l’organisme, pas besoin de revenir dessus.
On dirait que le bio est donc meilleur que le conventionnel.
Vraiment ?
Pas sûr, enfilons nos bottes d’agriculteur·ice et changeons de perspective.
2. C’est mieux… mais pas tout le temps
💡 Le prix des matières premières agricoles est fixé par la bourse (de Chicago pour beaucoup, de New York pour le café arabica, de Londres pour le robusta). Ouais, c’est un peu fou mais c’est comme ça.
Il y a des fonds de pension qui investissent sur le cours du jus d’orange. Ce n'est pas une blague.
Conséquence ? Le cours des matières premières est très volatile et pas toujours corrélé aux réalités climatiques ou à l’offre et la demande.
Résultat ? Le prix des matières premières est très difficile à prévoir.
Ce qui implique beaucoup d'incertitude pour les agriculteurs.
Exemple d'une culture au hasard… Le café.
⏳ Le cycle de production du café dure un an.
Concrètement, ça veut dire qu'un agriculteur investit pendant un an dans son exploitation avant de pouvoir vendre son café à un exportateur.
Le prix du café peut s’être écroulé entre le début du cycle de production et le moment de la vente, impossible donc pour l’exploitant de rentrer dans ses coûts. Et quand l'exploitation est bio, c'est terrible car les coûts de production sont encore plus élevés qu'une exploitation conventionnelle (plus de main d'œuvre, moins de rendement).
C’est d'ailleurs pourquoi de nombreux enfants de caféiculteurs et caféicultrices quittent l’exploitation familiale pour travailler ailleurs.
3. Ce que le bio n'est pas
On peut quand même dire que le bio est une solution quand tout va bien.
Quand les consommateurs ont les moyens d’acheter un produit qui respecte l’environnement, quel qu’en soit le prix.
Mais le problème, c'est que ça c'est théorique... ça arrive rarement.
❌ Quand le prix du café baisse
On l’a vu, avec un marché qui change tous les jours, il arrive que l’exploitant·e vende à perte (pas le choix, le café ne se conserve pas).
Quand on est agriculteur·ice, un des moyens pour limiter les pertes est de produire en grand volume, or quand on produit du bio, on produit peu (car il est interdit d’utiliser des intrants chimiques, donc moins de rendement).
❌ Quand le prix du café monte
Mais quand le prix du café torréfié monte, comme c’est le cas depuis le Covid et que les pays consommateurs font face à une crise économique, les ménages réduisent leurs dépenses. Le premier poste qui saute : le bio.
Moins de demande, moins d’intérêt pour le produit donc moins de revenu pour l'agriculteur.
❌ Ce n’est pas un label social
Il ne faut pas confondre Bio et Commerce Équitable (un autre label qui pose de nombreuses questions mais ce sera pour une autre fois).
Le label bio ne tient pas compte des conditions de travail. Il n’y a aucun prix minimum garanti ou de prime sociale pour l’agriculteur et sa famille.
❌ 0 gage de qualité
Bio ne veut pas non plus dire bon. Ce n’est tout simplement pas dans le cahier des charges de la certification.
⚠️ Attention⚠️
Il n'y a pas de débat pour ou contre le bio, dans l'absolu, il faudrait du 100% bio, j’ai même référencé mes cafés bio préférés ici si ça vous intéresse.
C'est simplement que la réalité est toujours plus complexe qu'elle n'y paraît.
Et en tant que consommateur, on est parfois déconnecté des réalités du terrain, or tout part de là.
Au final, chacun met le curseur ou il/elle veut, l’important étant de savoir pourquoi on achète tel ou tel produit.
Si vous devez retenir une seule chose de ce mail, c'est que
La certification bio défend avant tout la protection de l’environnement. Elle n’a jamais été pensée pour être une prime sociale ou gage de qualité des produits. Certains produits possèdent en plus d'autres labels tels que “Commerce Équitable”. Rien de mal, mais cela peut prêter à confusion, le consommateur choisissant l'emballage avec le plus de vert dessus sans toujours savoir pourquoi.
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